Le monde est principalement divisé en systèmes politiques de nature démocratique et de nature despotique. Ce qui distingue principalement les systèmes démocratiques des systèmes despotiques, c’est la sélection des dirigeants par la population. La taille de la population autorisée à exercer le droit de vote, l’électorat, peut varier selon les restrictions liées à l’âge, à la nationalité, au revenu annuel, etc. Mais tant que sa taille est non négligeable, un système peut être considéré de nature démocratique. Un second critère distinguant les systèmes démocratiques des systèmes despotiques est la possibilité pour plusieurs candidats de se présenter pour un même poste. Les personnes dotées du droit de vote, les électeurs, pourront alors choisir le candidat qu’ils préfèrent pour assumer le poste en question. Enfin, un troisième critère faisant la distinction est la durée limitée du mandat des dirigeants, qui devront éventuellement quitter leur poste et laisser les électeurs désigner le prochain dirigeant, qui peut ou non être le même qu’avant.
Dans un système démocratique, puisque les dirigeants sont désignés par la population, ils endossent le rôle de représentants du peuple. Les décisions prises par ces représentants sont limitées par une constitution qui protège le mode de fonctionnement du système pour lequel elle a été créée. Elle empêche donc un système démocratique de devenir un système despotique. Puisque, dans un système démocratique, ce sont les électeurs qui choisissent leurs représentants, il s’agit du système le plus stable qui soit. De plus, comme les représentants dépendent des électeurs pour obtenir leur poste, ils doivent respecter leur volonté s’ils désirent allonger leur mandat. Un système démocratique est donc le système politique idéal… En tout cas, c’est ce qu’on nous apprend à l’école. Dans la réalité, les systèmes démocratiques nous offrent un système dans lequel règne le cynisme.
Acheter, c’est voter
Dans un système démocratique, plusieurs partis politiques sont en compétition pour gouverner un pays. Afin de convaincre l’électorat, ceux-ci font appel à des campagnes électorales requérant une quantité non négligeable de dépenses. Ces dépenses sont habituellement couvertes par des instances non gouvernementales supportant la prise de position d’un parti en particulier. Ces instances non gouvernementales, par la simple magnitude de leur poids économique, occupent en fait plus de place dans la désignation des représentants que l’électorat à qui ce rôle est officiellement confié. En effet, afin de pouvoir couvrir les dépenses liées aux campagnes électorales, les partis vont s’aligner sur les intérêts de ces instances non gouvernementales, de sorte que le choix offert aux électeurs, au lieu d’être constitué par l’ensemble des intérêts des électeurs, est constitué par l’ensemble des intérêts de ceux qui ont assez d’argent pour supporter les partis politiques. Puisque ce qui différencie les candidats au poste de représentant se trouve essentiellement dans les intérêts qu’ils représentent, la désignation d’intérêts particuliers équivaut ultimement à la désignation des représentants. Ainsi, dans un système démocratique, les groupes comprenant les personnes possédant le plus de moyens financiers dans la société sont les plus influents. Il est donc possible d’affirmer que dans un système démocratique, le pouvoir politique que possède un groupe est lié au pouvoir économique de ce groupe. Les intérêts des électeurs ne sont donc représentés que s’ils sont similaires aux intérêts des plus riches. Ainsi, lorsque les intérêts des non-riches ne sont pas représentés lorsque viennent les élections, ces derniers ne se sentent naturellement pas inclus dans le processus électoral et sont portés à s’abstenir à cause de ce sentiment.
Représentativité restreinte
Comme les élections ne représentent pas les intérêts de tous les électeurs, elles ne doivent pas être vues comme étant l’unique moyen par lequel les électeurs peuvent supporter leurs intérêts. Dans le cas où le parti au pouvoir ne représente pas adéquatement les intérêts d’une portion non négligeable de l’électorat, cette portion qui se sent à l’écart de toute représentation est portée à aller manifester son insatisfaction dans la rue. Dans une telle situation, le parti au pouvoir est porté à ne pas être à l’écoute des manifestants puisque sa position au pouvoir n’est pas assurée par ceux qui manifestent, mais plutôt par ceux qui l’ont soutenu financièrement. C’est pourquoi les représentants sont portés à dépeindre les manifestations en tant que moyen illégitime de représenter les intérêts des électeurs et à dépeindre les élections en tant que moyen légitime de le faire. Puisque les médias sont souvent la propriété dudit gouvernement et de ceux qui le soutiennent financièrement, il est facile de soutenir cette vision des choses. Le fait qu’il existe des intérêts non représentés lors des élections et que la majorité de l’électorat est convaincue que les élections sont la seule façon de voir ses intérêts représentés est une des causes du cynisme qui habite les systèmes démocratiques.
Une faille dans la théorie
La garantie légale que les électeurs possèdent le droit de sélectionner ses représentants est donc insuffisante pour assurer la représentation adéquate de leurs intérêts par ces mêmes représentants. La réalité du poids économique modeste d’une grande partie de l’électorat comparé au poids économique énorme de groupes particuliers fait en sorte que ces groupes particuliers ont plus de pouvoirs que la majorité de l’électorat. Le fait que les médias soient contrôlés par les intérêts de ces groupes particuliers défavorise la majorité des électeurs et fait en sorte que l’opinion des riches soit mieux entendue que celle des non-riches. La manifestation dans la rue est donc le seul moyen laissé à la majorité non riche de faire entendre son opinion à ses représentants.
Le fait que la majorité des systèmes démocratiques présentent des défauts ne signifie pas qu’il faille les rejeter en faveur de systèmes despotiques. En effet, les systèmes démocratiques ont su apporter les modifications nécessaires pour améliorer leur fonctionnement lorsque le peuple tout entier a su mettre assez de pression sur ses représentants. C’est d’ailleurs à cause de la pression populaire que le suffrage universel existe aujourd’hui. Il n’existe aucun mur empêchant une plus grande démocratisation des systèmes démocratiques. Si la démocratisation concernait autrefois de l’accord du droit de vote aux minorités ou au sexe opposé, elle concerne actuellement la ré-équilibration de la balance du pouvoir en faveur de la majorité non riche.
Afin d’y parvenir, le pouvoir du peuple doit être garanti par des mesures allant en faveur de sa proximité avec ses représentants. L’instauration d’un mécanisme de révocabilité des mandats par la population pourrait forcer les représentants à porter une plus grande attention sur les intérêts de ses électeurs puisque ces derniers n’auraient plus un mandat garanti en toutes circonstances. La décentralisation du pouvoir politique vers des instances gouvernementales de proximité, au niveau de la région ou de la municipalité, pourrait aussi favoriser les électeurs puisque le pouvoir politique deviendrait plus près de leur réalité quotidienne, ce qui inciterait des électeurs à exercer un contrôle plus actif sur les instances qui les représentent. Enfin, offrir la possibilité aux les électeurs de prendre eux-mêmes des décisions par le biais d’un mécanisme de référendum d’initiative populaire, en donnant directement le pouvoir aux électeurs, renforcerait le poids de l’électorat dans son ensemble.
Écrit par un membre du groupe de discussion (pas moi), je laisse ça ici et regarde ce que ça donne
Je n’avais pas pensé à inclure des sous-titres. J’y ai apporté des modifications. J’ai aussi modifié le titre pour qu’il soit plus agréable à lire.
Bon texte. composantes à rajouter pour démocratiser la démocratie: un mécanisme de rappel des élus et le contrôle strict du financement des partis (surtout limiter l'importance des dons). Eh non, tout y est! Reste à diffuser et appliquer 8-)